Eugène SUE : "Kardiki", chronique albanaise au temps d’Ali Pacha
lundi 15 janvier 2018 par en
Safet Kryemadhi porte à la connaissance des lecteurs francophones un récit du terrifiant massacre de Khardiq par Ali Pacha de Tepelena, écrit par Eugène Sue en 1839.
Cette nouvelle, régulièrement reprise au XIX e siècle dans différents recueils de ses oeuvres n’a plus été éditée depuis 1904. Accompagné d’une postface écrite par Safet Kryemadhi, l’ouvrage vient d’être publié par l’éditeur Ovadia.
Avant de connaître la consécration littéraire avec « Les Mystères de Paris » Eugène Sue s’est aventuré dans les arcanes de l’Albanie. « Kardiki » est la chronique d’un suprême outrage, d’une vengeance impitoyable et d’une parole jurée ignominieusement trahie.
Héros de cette histoire effroyable, Ali Pacha de Tepelena a fasciné l’Europe au début du XIXe siècle. Le récit fut initialement publié par épisodes en 1839 dans le quotidien « La Presse » d’Emile de Girardin.
Extraits :
Kardiki » balise le chemin de l’ancien médecin militaire – Eugène Sue a notamment assisté à la bataille de Navarin en 1827 contre la flotte ottomane - vers la renommée d’écrivain. Il réunit les ingrédients à même de captiver l’attention des lecteurs : véracité de l’événement conté, couleur locale chatoyante et un personnage central fascinant, Ali Pacha de Tépélène, qui fut le soleil noir de la planète romantique durant la première moitié du XIXᵉ siècle. "
"Le registre homérique peut le mieux rendre ces drames historiques vertigineux. La mémoire obstinément sans repos, telle une plaie grattée à vif, rappelle le devoir d’une vie ; l’orgueil mortifié aiguillonne les conduites alors que l’inextinguible frénésie de se venger confond abusivement tromperie et trahison. Sur la ligne de crête des passions humaines élémentaires, le crime arbore un sourire d’ange et la plus grande courtoisie dissimule de sombres desseins.
Ali Pacha, encore appelé Ali la hache, se veut moins le serviteur de Dieu qu’une figure divine faisant de ses vertus l’instrument de ses vices. « Une torche ardente pour consumer les hommes », comme il s’en glorifiait ; « une nécessité fatale et providentielle » selon les mots d’Eugène Sue."
« Marcher sur Kardiki ! la seule ville impériale des Albanies ! la ville occupée par soixante-douze beys grands vassaux de la couronne ! Kardiki résidence du neveu du sultan ! c’était un bien grand crime sans doute ; mais le vizir avait parlé, il voulait enfin venger, peut-être au péril de sa vie, l’outrage fait aux siens,… il avait parlé et on avait obéi… »
« Le sombre château de Tépélène s’élevait presqu’à pic sur les bords du Voïoussa. D’un aspect triste, bizarre et grandiose, cet édifice tenait à la fois de la forteresse, de la prison et du minaret ; de rares et étroites fenêtres treillissées s’ouvraient çà et là irrégulièrement sur ses murs de granit, une porte basse, recouverte d’une épaisse grille de fer, donnait seulement accès dans l’intérieur de cette habitation féodale, et deux redoutes, dont les feux se pouvaient croiser sur son unique entrée, s’élevaient à quelques pas de la poterne. Enfin, à défaut de pont, un bac, sorte de grossier caisson carré, amarré le long du fleuve, servait de communication avec son autre rive. »
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