Genève : religion, nation et citoyenneté en Albanie, le 12 avril

Seul pays d’Europe ayant une population à majorité musulmane avant les indépendances récentes de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo, l’Etat albanais a toujours été, depuis sa création en 1913, sans religion officielle – laïc, voire même athéiste entre 1976 et 1991 –, et se distingue en cela des autres pays balkaniques, majoritairement chrétiens orthodoxes. Comme dans le cas turc, l’affichage laïc relève à la fois d’un souci de légitimation d’une souveraineté vis-à-vis de l’Europe et d’une certaine idée de la modernité.

Depuis l’émergence d’une identité nationale albanaise dans l’Empire ottoman, il existe cependant des tensions entre une définition dominante de cette identité indépendante des identités confessionnelles (musulmanes ou chrétiennes) et des définitions ethno-confessionnelles, qu’elles soient liées à l’islam ou aux christianismes orthodoxe et catholique, ainsi qu’entre ces définitions ethno-confessionnelles (ce qui distingue le cas albanais du cas turc). Ces tensions sont dues notamment au sort de l’héritage ottoman au cours du XXe siècle et aux évolutions des rapports entre souveraineté, citoyenneté et loyautés, en Albanie comme dans les Etats voisins (Etats yougoslaves et Grèce).

Nathalie Clayer est directrice d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales (EHESS) à Paris, et directrice de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), au CETOBAC (Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques, CNRS-EHESS-Collège de France) qu’elle dirige.

Ses thèmes de recherche sont la religion, le nationalisme et les processus de formation étatique dans l’Empire ottoman et dans les Balkans, en particulier parmi les Albanais. Parmi ses dernières publications figurent Aux origines du nationalisme albanais.

La naissance d’une nation majoritairement musulmane en Europe (Paris, Karthala, 2007), Islam in Inter-War Europe (London, Hurst, 2008), édité avec Eric Germain, Conflicting Loyalties in the Balkans. The Great Powers, the Ottoman Empire and Nation-Building (London, Tauris, 2011) édité avec Hannes Grandits et Robert Pichler, L’autorité religieuse et ses limites en terres d’islam (Leiden, Brill, 2013) édité avec Alexandre Papas et Benoît Fliche, et Les musulmans de l’Europe du Sud-Est avec Xavier Bougarel (Paris, Karthala, 2013).

La chaire Yves Oltramare Religion et politique dans le monde contemporain a pour mission d’apporter une contribution scientifique majeure à l’analyse de l’impact des rapports entre religion et politique sur l’évolution des sociétés et du système international. Entrée sur inscription :

INSTITUT DE HAUTES ÉTUDES INTERNATIONALES ET DU DÉVELOPPEMENT