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Interview de Jérome Carassou : "Au sud de l’Est"
jeudi 9 décembre 2010 par en , Evelyne Noygues
A l’occasion de la parution du n°7 de la revue « Au sud de l’Est » consacrée aux cultures contemporaines des Balkans, Jérôme Carassou, directeur éditorial des éditions Non Lieu, a accordé un entretien à Albania.
Une place particulière est réservée à l’écrivain Migjeni, de son vrai nom Millosh Gjergj Nikolla (1911-1938), des les n°6 et 7 de la revue.
Interview
Albania : présentez-vous « Au sud de l’Est » : depuis quand existe-t-elle ? Qui l’a créée ? Et comment est-elle structurée ?
Jérôme Carassou (JC) : Cela fait 4 ans que cette revue existe et nous en sommes au septième numéro. Elle a été fondée par Jelena Aparac, Dragica Mugoca, Anne Madelain et moi-même. Plus tard nous ont rejoint Alexandre Tchernookov, Nicolas Trifon, Bernard Lory, Cristina Passima, Alexandre Asanovic, Nina Zivencevic et, récemment Stavroula Bellos, Mickaël Wilmart et Renaud Dorlhiac.
Au « Sud de l’Est » est une revue éclectique qui présente un point de vue transversal sur les cultures des Balkans. Elle ne traite pas d’un pays en particulier, mais aborde le traitement propre à chaque pays d’une problématique ou d’un aspect culturel général.
À la suite de l’éditorial, elle est composée de 7 rubriques :
Contexte : qui présente l’actualité, les idéologies, la politique, etc.
Transversale : qui parle d’économie culturelle, de sujets différents mais toujours d’un point de vue culturel
Un dossier, différent dans chaque numéro, s’attache aux pratiques artistiques (exemples : le cinéma, la musique, les langues, ... et cette fois-ci, la danse contemporaine dans la région des Balkans.
La littérature fait l’objet de plusieurs rubriques qui rassemblent prose et poésie, plutôt des textes inédits :
Terre en miroir : décrit un région partagée entre plusieurs pays. Chaque numéro fait la place à un voyageur (souvent français) dans le Balkans, au XIXème siècle
Regard : donne une carte blanche à un photographe des Balkans
Chronique : rassemble des textes publiés dans ou sur la région.
Albania : Vous publiez le n°7 en décembre 2010 : pouvez-vous nous détailler les principaux sujets traités ?
JC : Le Contexte du n°7 est consacré à « ce passé qui ne passe » pas à l’Est. Faute d’études historiques et scientifiques rigoureuses sur le siècle passé, les idéologies morbides d’avant-guerre font l’objet d’une approche quasi mythologique. L’histoire des dictatures pré communistes est souvent partielle et envisagée avec nostalgie. Quant au communisme, on commence à peine à comprendre que les régimes dictatoriaux d’après-guerre n’avaient de communisme que le nom.
Plusieurs portraits d’artistes sont proposés dans ce numéro : ceux de femmes peintres d’origine « yougoslave », celui du poète albanais, Migjeni, celui, enfin, de l’écrivain serbe Vladan Desnica. Ni Migjeni ni Desnica ne sont des auteurs contemporains, mais ils sont des auteurs classiques dans leur pays respectifs, totalement ignorés du public francophone. L’un des objectifs de la revue étant aussi de faire découvrir les grandes voix de la région. Nous proposons ici la traduction inédite de dix poèmes de Migjeni (réalisée par R. Dorlhiac) et de deux nouvelles de Desnica (réalisée par O. Lannuzel).
Enfin, le lecteur découvrira la Dobroudja au travers sa littérature, son histoire et sa géographie et les photographies de Guillaume Robert sur le « Carrefour des Europes », entre Moldavie, Ukraine et Roumanie.
Albania : En littérature, vous abordez pour la seconde fois, dans deux numéros consécutifs, l’écrivain albanais Migjeni (Millosh Gjergj Nikolla).
Après une première présentation de sa prose (dans le n°6 de la revue), peu connue par les Albanais eux-mêmes, vous abordé son œuvre poétique très connue et appréciés par les albanophones. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous intéresser à un écrivain méconnu par les lecteurs francophones et d’une grande partie des amateurs de poésie dans le monde ?
JC : Qu’il soit méconnu du public francophone est déjà une excellente raison pour le publier !
Nous avons publié une nouvelle traduction de certains de ces poèmes, justement parce que nous avions publié sa prose dans un précédent numéro. Ne pas donner à lire la poésie de Migjeni aurait signifier présenter une œuvre tronquée. Toutefois, notre intérêt pour la prose de Migjeni est d’abord politique. Outre son indéniable talent, Migjeni offre à lire une écriture « engagée », certainement propre à son époque, mais qui pour cette raison semble un peu oubliée (dédaignée ?) des Albanais eux-mêmes.
En publiant la prose de Migjeni, nous voulions compléter et complexifier le tableau littéraire que nous dressons de l’Albanie, par petites touches, numéro après numéro. Après le lyrisme romantique de Pogradec (Au sud de l’Est n°2) et le classicisme de Zef Plumbi (Au Sud de l’Est n°4), il nous semblait urgent de faire découvrir la modernité de Migjeni. Pour continuer ce qui, malgré tout, ne sera qu’un survole de l’Albanie littéraire, nous prévoyons de publier un auteur contemporain et de rendre hommage à un traducteur génial : Jusuf Vrioni.
Dans le cadre des rencontres que l’association « Albania » organise régulièrement, une soirée sera prochainement consacrée à l’œuvre de Migjeni en collaboration avec la revue « Au Sud de l’Est ».
Lire également : Parution du n°7 de la revue "Au sud de l’Est"
Propos recueillis par ©Evelyne Noygues, 2010.
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