Les Dieux des Balkans : visite en compagnie du vice-recteur de l’université de Prishtina
vendredi 19 juin 2015 par en
Le Prof. Fetah Podvorica, vice-recteur pour la recherche scientifique auprès de l’Université "Hasan Prishtina" a visité, le 6 juin 2015, l’exposition organisée autour de "La Divinité sur le trône" au musée d’archéologie nationale (MAN) de St-Germain-en-Laye.
Cette exposition présente, pour la première fois en France et en Europe, un ensemble de figurines néolithiques du Kosovo. Elle a été conçue conjointement par Alain Villes, conservateur en chef au MAN, chargé des collections du Néolithique et de l’âge de Bronze, et Kemajl Luçi, conservateur au Musée national du Kosovo.
Initiative du Centre culturel du Kosovo, cette exposition ne devait inclure à l’origine qu’une seule figurine, la « Hynesha ne frön » (« Divinité sur son trône »), notre objectif étant de présenter un autre aspect de ce petit pays nouvellement indépendant, de mettre en lumière son riche passé, dénué de toute connotation ethnique, et d’introduire le musée de Prishtina dans un cycle d’échanges avec les musées européens. Le traitement réservé au Kosovo dans les media laissait assez peu imaginer la diversité de son patrimoine culturel et l’originalité du domaine archéologique.
Proposée dès mars 2008 au musée de Saint Germain en Laye, les changements tant à la direction du musée de Prishtina qu’à la tête des ministères en ont retardé la réalisation. Au fil des années le projet a pris de l’ampleur : ce sont aujourd’hui huit figurines que les visiteurs peuvent admirer pendant quelques jours encore.
Coopération entre la France et le Kosovo dans le domaine de l’archéologie, par Alain Villes, conservateur en chef au MAN, chargé des collections du Néolithique et de l’âge de Bronze.
L’exposition inaugurée le 23 mars dernier, et qui prendra fin le 23 juin, a été conçue dès le début non comme une fin en soi, mais comme le point de départ d’une coopération active entre la France et le Kosovo dans le domaine de l’archéologie. Elle vise à mettre en valeur le patrimoine kosovar, par l’intermédiaire d’un petit nombre de pièces de sa statuaire néolithique, propre à la culture de Vinça (5000-4000 avant notre ère), à laquelle appartient son emblème national, la « Hynesha ne frön » (« Divinité sur son trône »).
Pays neuf et longtemps sous-développé avant l’accès à l’indépendance, le Kosovo a conscience d’importants besoins en ressources matérielles et humaines, pour faire face à la protection et à la mise en valeur de son patrimoine artistique, monumental et archéologique. L’édition d’une carte archéologique a été entreprise, sous forme normalisée, dont deux volumes sont déjà parus. En ce qui concerne la formation universitaire, une licence d’archéologie vient d’être mise en place à l’université de Pristina. La remise en état du musée national du Kosovo vient de commencer sous forme de travaux de gros-œuvre. La mise en valeur de sites monumentaux, antiques médiévaux et de mosaïques a été entreprise, par le biais de restaurations et de consolidations. Le site romain et paléochrétien très important d’Ulpiana, qui fait l’objet de fouilles méthodiques depuis une dizaine d’années, bénéficie aussi de consolidations d’une partie de ses structures dégagées, de manière à le rendre accessible aux visites.
Pour les périodes de la préhistoire et de la protohistoire, d’importantes recherches restent à entreprendre, de manière à identifier des sites du Paléolithique et du Mésolithique (derniers chasseurs), jusqu’ à présent inconnus sur le territoire kosovar, à comprendre le passage à l’économie de production et son développement (début du Néolithique), à étudier les relations entre les diverses civilisations du Néolithique et du Chalcolithique, notamment en ce qui concerne la culture de Vinça, dont les prospections récentes démontrent la très forte implantation dans le pays, enfin, à compléter les connaissances sur l’émergence des entités culturelles et des structures sociales et politiques à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer (formation et contours de l’ancienne Dardanie, relations entre les Balkans centraux et les zone méditerranéenne et anatolienne à l’époque pré-hellénistique, puis hellénistique et au début de l’expansion romaine)...
Pour faire face à ces besoins et élaborer un programme d’évaluation des sites à long terme, puis mettre en place des chantiers de fouilles importants, il est nécessaire de former toute une génération d’archéologues de haut niveau, d’ingénieurs, de techniciens, de restaurateurs, et de mettre en place des laboratoires. La génération de chercheurs issue de l’ancienne période yougoslave est aujourd’hui très réduite et au seuil de la retraite. Les jeunes chercheurs, formés en France et en Allemagne ces dix dernières années sont très peu nombreux et peuvent à peine suffire à assurer la formation universitaire.
Il semble donc indispensable, en concertation étroite avec cette génération d’archéologues déjà au travail, d’élaborer un programme de formation de terrain dans le cadre de la licence d’archéologie, d’entreprendre des séries de fouilles d’évaluation et de sondages sur des sites nouveaux, de préparer la mise en valeur des données de fouille et des mobiliers issus des recherches des dix dernières années, et de compléter la formation théorique des étudiants par une formation de terrain, en vue de leur accession au niveau de la recherche dans le cadre de thèses de doctorat, de stages à l’étranger et d’études complémentaires dans des laboratoires de recherche, d’analyse et de restauration.
En ce qui concerne le Néolithique et la Protohistoire, en concertation et en plein accord avec ses collègues kosovars, le co-commissaire de l’exposition « Dieux des Balkans » - Alain Villes - se déclare disponible et volontaire, à titre bénévole, pour participer à ce programme de coopération et contribuer à son élaboration. Il est par ailleurs disposé à offrir son expérience, dans le domaine de la gestion scientifique et technique des Musées, en tant que conservateur en chef honoraire (retraité depuis mai 2015), pour aider la direction du musée national du Kosovo à élaborer son cahier des charges, en vue de la présentation nouvelle de ses collections, de leur récolement, de leur prise en charge dans un cadre moderne et adapté et de l’intégration du produit des fouilles récentes et à venir.
C’est dans cette perspective de partage de l’expérience et de mise en place de liens avec des chercheurs et spécialistes français, dans le domaine de la recherche archéologique de terrain et de la muséographie, que l’exposition « Dieux des Balkans » a été proposée au Kosovo. La coopération à mettre en place devrait s’étendre, d’abord sous l’égide des deux musées nationaux (Pristina et Saint-germain) et de l’Université (Pristina), et en concertation étroite avec les ambassades des deux pays, à d’autres institutions d’autres pays (Suisse, Belgique), de manière à pouvoir mettre en place dès que possible des projets bénéficiant de fonds européens.
Alain Villes, conservateur en chef au MAN.
A lire sur ce site :
Exposition : « Dieux des Balkans : Figurines néolithiques du Kosovo », jusqu’au 22 juin
Akti piktural i Bujar Lucës : Nata si sfond telajo
Plus d’informations : http://musee-archeologienationale.f...
Bilan de l’Été solidaire 2014 : http://www.mairie7.paris.fr/mairie0...
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