Albania

Paris : les vidéos d’Adrian PACI jusqu’au 12 mai

"Vies en transit" au musée du Jeu de Paume - 1, place de la Concorde – 75008 Paris

vendredi 3 mai 2013 par Evelyne Noygues

Adrian Paci présente un ensemble d’oeuvres très diverses - vidéos, installations, peintures, photographies et sculptures au Musée du Jeu de Paume à Paris.

A travers la première rétrospective de son travail en France, le public peut voir des oeuvres réalisées depuis 1997, ainsi que sa dernière pièce "The Column", une installation vidéo spécifiquement réalisée pour cette exposition accompagnée par la colonne en marbre installée à droite de l’entrée dans le jardin des Tuileries.

 

The Column, 2012 (vidéo, 27’, et colonne en marbre dans le jardin des Tuileries)

L’oeuvre a été spécifiquement conçue pour l’exposition. Sur un bateau entre l’Orient et l’Occident, des sculpteurs fabriquent une colonne romaine pendant son transport vers l’Europe. L’idée de The Column est née de cette stratégie économique tendue au maximum, où le temps est condensé au point que la livraison coïncide avec la production.

[« Adrian Paci] ne se contente pas de [...] restituer [le monde] en images (de le représenter) ; à mon sens, le processus va plus loin et tend à montrer comment, à travers les images et les mots, les contes et les mythes, nous engendrons la réalité », déclare Edi Muka

The Column, 2012. Vidéo

Courtesy kaufmann repetto, Milan, et Galerie Peter Kilchmann, Zurich © Adrian Paci 2012

The Encounter, 2011 (vidéo, 22’)

L’artiste serre la main à près de sept cents personnes défilant sur le parvis d’une église en Sicile. Ce geste simple et habituel est répété si souvent qu’il se transforme en un rituel chargé de générosité et de convivialité. La rencontre entre les participants se char e d’une forte tension dans la place transformée en scène de théâtre.

« [The Encounter] est l’autoportrait de l’artiste, la mise en scène d’un ego face au miroir d’un public.

L’Autre : une touche et un regard, une main et un visage − les vecteurs de la responsabilité et du courage − dans l’acte d ’adresse, de générosité et d’appartenance le plus élevé, le plus simple et le plus sincère. La rencontre de Paci avec une collectivité locale est un geste purificateur d’auto-identification et de sacrifice, d’exposition d’une autorité morale et d’invitation à un discours », selon Adam Budak

The Encounter, 2011. Vidéo

Courtesy Galerie Peter Kilchmann, Zurich, et kaufmann repetto, Milan © Adrian Paci 2012

Inside the Circle, 2011 (vidéo, 6’3’’)

Tourné en noir et blanc dans un manège de dressage, ce film explore la dynamique complexe qui se met en place entre l’homme, l’animal et la nature à travers les interactions entre un cheval et une dresseuse. Dans leur nudité, ils apparaissent comme les habitants d’un même monde ancestral et onirique qui ignore la distinction entre les espèces.

« Inside the Circle rejoue la scène de la relation humain/animal en renouant un lien primitif, comme une parabole biblique d’un paradis perdu ou d’un theatrum bestiarum mythologique. [...] Inside the Circle théâtralise le regard comme dispositif de surveillance, de réconciliation et de mise à distance », pour Adam Budak

Inside the Circle, 2011. Vidéo

Courtesy Galerie Peter Kilchmann, Zurich, et kaufmann repetto, Milan © Adrian Paci 2012


Electric Blue, 2010 (vidéo, 15’)

Electric Blue raconte l’histoire d’un père de famille albanais qui rêve d’être cinéaste mais gagne sa vie en dupliquant des cassettes de films pornographiques. Il découvre que son fils aîné les regarde et décide d’arrêter son travail pour enregistrer sur ces mêmes cassettes des reportages télévisés sur la guerre au Kosovo.

Un an plus tard, il s’aperçoit que des séquences des matériaux qu’il croyait avoir effacés resurgissent parmi les images de guerre. L’efficacité de la synthèse narrative et la capacité de passer d’un registre d’images à l’autre (film d’amateur, reportage d’actualité, extraits de film et de programme télé porno) font de cette vidéo une étape importante dans la production d’Adrian Paci.

Last Gestures, 2009 (installation vidéo sur quatre écrans)

Cette vidéo présente les préparatifs d’un mariage. La future mariée doit abandonner sa famille pour en construire une nouvelle. L’expression sombre de la mariée est soulignée par les gestes ritualisés de la famille. Adrian Paci réussit à capter ce rite de passage, ce moment de transition dramatique et codifié. Dans Last Gestures, le langage silencieux d’un échange de regards résonne d’une douleur, celle de la séparation et de l’imprévisible. [...] L’artiste hyperbolise le vocabulaire symbolique. Le ralenti de Last Gestures monumentalise les expressions faciales et accentue l’ancestralité du jeu [...].

Adam Budak. Centro di Permanenza Temporanea, 2007 (vidéo, 5’30’)

A l’aéroport de San Jose en Californie, des hommes et des femmes s’entassent dans l’escalier d’embarquement d’un avion mais en haut de l’escalier, il n’y a pas d’avion. La vidéo est construite autour de la question de la migration et de l’identité telles qu’elles se posent aujourd’hui dans un monde aux frontières de plus en plus mouvantes.

Gros plans et portraits habités tiennent les premiers rôles et, à travers la vidéo, restituent brillamment l’attente collective du néant et le sentiment troublant de non-appartenance que les personnes déplacées portent sur leurs traits comme une marque indélébile. Edi Muka

Klodi, 2005 (vidéo, 40’)

Klodi repose sur le récit touchant, dramatique et parfois absurde du narrateur qui raconte son voyage à la recherche d’un lieu d’appartenance. Dans cette vidéo qui n’est pas sans lien avec l’expérience de l’émigration telle que l’a vécue Paci, Klodi explique comment il a franchi des frontières à la recherche d’un idéal qui paraît impossible à atteindre.

Le moment de tension m’intéresse en tant que métaphore du monde et de son état de devenir constant. La vulnérabilité et la fragilité sont, à mon sens, des conditions humaines de base, capables d’offrir en même temps beauté et dignité.

Adrian Paci

Believe me, I am an Artist, 2000 (vidéo 6’54’’)

La vidéo articule des éléments autobiographiques relatant un fait réel : la convocation d’Adrian Paci dans un commissariat de police italien. Cette épreuve se révèle être une véritable prise de conscience, une expérience de l’absurde et une attente quant à la résolution éventuelle pour laquelle Adrian Paci se bat afin d’intégrer pleinement son statut de citoyen et d’artiste.

Sa première rencontre d’immigré avec une société rigide et soupçonneuse envers son métier, ainsi que ses tentatives de convaincre les autorités qu’il est bien artiste sont présentées sur un ton direct, franc et concis dans la vidéo Believe Me I’m an Artist. Edna Moshenson

Vajtojca, 2002 (vidéo, 9’10’’)

Adrian Paci dialogue avec sa propre mort. Il engage une pleureuse professionnelle albanaise, revêt le costume de circonstance et, après avoir entendu son propre chant funèbre, paie la pleureuse, lui serre la main et repart pour une nouvelle vie.

Vajtojca s’apparente à un véritable rite de passage et comporte une dimension métaphorique. On peut voir dans cette oeuvre vidéo une allusion à la caractéristique la plus fondamentale du cinéma, à savoir sa capacité à brouiller les frontières entre la mort et la vie. Edna Moshenson

Albanian Stories, 1997 (vidéo, 7’08)

La première vidéo d’Adrian Paci retranscrit les histoires que sa fille de trois ans se raconte, jonglant entre le jeu et le drame, le conte et le monde du réel. Dans cette histoire apparaissent des personnages habituels des récits populaires – une vache, un chat ou un coq – auxquels se mêlent de façon surprenante des soldats et les forces internationales d’intervention.

Les premières oeuvres à voir le jour en Italie sont des vidéos. [Albanian Stories] expriment dans le regard de la petite fille d’Adrian Paci, sous la forme d’un conte naïf, le choc de la séparation, de l’immigration et de l’adaptation à un nouveau lieu. Edna Moshenson

Piktori, 2002 (vidéo, 3’27’’)

Adrian Paci questionne la position de l’artiste dans la société, en faisant le portrait d’un artiste devenu faussaire pour survivre. La fin de la dictature a créé en Albanie une situation où se mêlent la liberté et l’anarchie. Dans de petits kiosques à demi clandestins, appelés « Piktori » (le peintre), un faussaire exécute des peintures à l’huile, des copies d’oeuvres d’art ou toutes sortes de faux documents pour se rendre à l’étranger.

[...] (L)’artiste albanais est présenté ici comme un artiste « multicarte », comme quelqu’un dont l’activité dictée par les contraintes politiques et économiques et est le fait de l’incertitude et de l’insécurité de l’ère postcommuniste. Edna Moshenson

Les différents articles consacrés sur ce site à l’exposition d’Adrian PACI au Jeu de Paume, sont réalisés avec l’aimable concours de Malika Zingli et d’Annabelle Floriant.

A lire également :

- Exposition : Adrian PACI - "Vies en transit", du 26 février au 12 mai

Pour écouter Adrian Paci sur le site du Jeu de paume :
- le magazine du Jeu de Paume


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