Salon du livre des Balkans : le palmarès du Prix des étudiants de l’Inalco !
vendredi 17 avril 2015 par en , Evelyne Noygues
Au salon du livre des Balkans, les étudiants de l’Inalco membres du jury, ont souhaité remettre deux prix à des auteurs albanais et roumain de portée universelle.
Le Prix du jury est allé au roman "Terre brûlée" de Dashnor KOKONOZI (Éditions Non-Lieu) et le Prix spécial au recueil "Le philtre des nuages et autres ivresses" du poète Radu BATA (Édition Galimatias).
Le salon du livre des Balkans (SLB pour les intimes !) réunissait éditeurs, auteurs, traducteurs, chercheurs, les 10 et 11 avril à l’auditorium du Pôle des Langues et Civilisations (PLC) à Paris.
Au sein de l’inalco, ce prix était conjointement organisé par le bureau des élèves (Bde Langues’O), l’association BABEL et l’association des anciens élèves et amis des Langues orientales (AAEALO).
Le jury était composé d’étudiants en japonais, coréen, russe ou encore persan... tous passionnés de littératures. Il ont souhaité récompenser non pas un mais deux ouvrages publiés par des éditeurs qui traduisent en français des auteurs des Balkans !
Le Prix des étudiants de l’Inalco
Découvrir les Balkans par sa littérature traduite en français grâce au prix des étudiants de l’Inalco c’est le jeu auquel se sont prêtés Ana Gruša, Anna, Audrey, Dounia, Faustine, Isabelle, Odilon,Thomas et Zoé.
Les étudiants des Langues’O et la lecture... C’est une histoire riche de plus de 200 ans ! Combien d’experts, de traducteurs, d’interprètes, de chefs de projets... dans près d’une centaine de langues ! Traducteur littéraire... en voilà un métier à l’international qui ne se démode pas !
LES DEUX LAURÉATS
PRIX DES ÉTUDIANTS DE L’INALCO :
-* TERRE BRULÉE, un roman de Dashnor KOKONOZI - auteur né en Albanie - Éditions Non-Lieu, 2013
Sur la photo à partir de la droite : l’auteur, son éditeur et les étudiants membres du jury.
Le point de vue de Thomas, en japonais et commerce international
Au départ, on pense avoir à faire à un livre parlant de montages financiers frauduleux comme les systèmes de "Ponzi", qui consistent à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux arrivants...
On est très vite pris par l’histoire qui couvre des valeurs universelles au point d’oublier de prendre des notes… et séduit par le rythme de l’action, sans aucun temps mort, et surtout par les trois points de vue détaillées dans l’ouvrage : la version d’un interprète, Niko, qui voit son couple s’effondrer en même temps que le pays ; celui d’un journaliste autrichien, Charles Sanz, qui a couvert toutes les guerres du globe et voudrait comprendre ce qui se passe réellement dans ce pays au bord de la faillite ; et enfin celui des médias internationaux qui cherchent à tout prix le sensationnel, quitte à maquiller la vérité.
Le point de vue d’Isabelle, en master de russe
On rentre bien dans l’histoire et le lecteur est attiré par les différents points de vue développés autour d’un même événement, notamment par le décalage entre le ressenti des « internationaux » et le vécu des « locaux ».
EXTRAIT
« Quand le téléphone sonna pour la troisième fois, il ouvrit des yeux ahuris et comprit que le sommeil l’avait rattrapé devant le téléviseur allumé. Se redressant brusquement sur ses jambes, il courut au bout du couloir ouvrir la porte de l’appartement. Mais la sonnerie retenti de nouveau et il revint précipitamment jusqu’à la tablette où était posé l’appareil. Les deux sonneries n’étaient pas les mêmes, mais il arrivait qu’ils se trompât. C’était le cas quand il était particulièrement anxieux.
Pourrais-je parler à Mme Ilda Ikonomi ? prononça quelqu’un qui parlait anglais.
Je m’appelle Charles Sanz. C’est un membre du Groupe d’Helsinki, ici à Vienne, qui m’a donné votre numéro… Allo ? … ».
PRIX SPECIAL DES ÉTUDIANTS DE L’INALCO :
-* LE PHILTRE DES NUAGES ET AUTRES IVRESSES de Radu BATA - auteur né en Roumanie - Édition Galimatias
Madame Monica Ganea (deuxième en partant de la gauche) représentait le poète Radu Bata.
Le point de vue d’Ana Gruša, en japonais et relations internationales
C’est un recueil de poèmes écrits dans un style magique : la langue utilisée est impressionnante avec un grand choix de vocabulaire tout en gardant un caractère universel. Ca fait penser au Prévert des premières années… ou à des « Haikus », ces petits poèmes extrêmement brefs visant à dire l’évanescence des choses. Tu lis les poèmes et après tu les griffonnes dans un carnet et ça te reste. Le recueil est centré sur l’amour mais pas seulement. L’auteur pourrait également s’ouvrir au passage de l’existence, la vie et la mort, l’humanité, …
EXTRAIT
TROMPE-L’ŒIL
Dans le brouhaha
Planétaire
Je n’entends
Que le bruit
Des feuilles
Qui tombent
Par terre
Le point de vue de Faustine, en japonais et relations internationales
L’auteur parle de l’amour, certes, mais aussi beaucoup de la société moderne, du monde qui nous entoure, notamment par des comparaisons avec la terre et, encore plus, avec les nuages. Il fait appel à d’assez nombreuses références à des œuvres de la littérature et à des événements qui raccrochent le lecteur à la vie quotidienne. Si je le feuilletais chez un libraire, je l’achèterais !
EXTRAIT
SE PAYER LA TÊTE DU POLE MONÉTAIRE
Il est encore temps
De tout prendre en dérision
Les hommes et les gouttes de pluie
Les femmes et les flocons de neige
Il est sain de rire des étoiles du marché
Des plans à trois des astres du Top 50
Des solos de guitare de la lune
Des plans d’épargne de l’arc-en-ciel
CHOIX D’OUVRAGES PAR LES ETUDIANTS
-* LA TRADITION DE L’INTÉGRATION, une étude ethnologique des Roms Gabori dans les années 2000, par Martin OLIVERA - Éditions Petra
Le point de vue d’Odilon, en licence de persan
Il s’agit d’une étude ethnologique menée plusieurs années de suite par l’auteur en Transylvanie. Il montre combien la société Rrom est loin d’être homogène. Tout au long de ses années de thèse, il a étudié les comportements sociaux au moyen d’observations participatives. A le lire, on se prend à aimer l’ethnologie car il est passionné et s’appuie sur son expérience personnelle pour nous brosser la situation de la Transylvanie.
EXTRAIT
“Bien entendu, les vêtements gabori ne motivent pas à eux seuls la bonne intégration locale de telle ou telle famille : c’est avant tout parce qu’elle entretient des rapports d’échange (de services, de temps de sociabilité, etc.) reconnus et positivement perçus avec le voisinage. Toutefois, leurs habits et, au delà, leur apparence extérieure constituent toujours un signe, une preuve essentielle de leur “bonne moralité” quand il s’agit de parler d’eux à des proches. [...] Loin de constituer une barrière se dressant entre Řoma et Gaže, ces vêtements roms sont ainsi un moyen autant qu’une expression de leur intégration”.
-* CIBLE ROYALE, de George ARION - auteur roumain - Édition Genèse
Le point de vue d’Isabelle, en master de russe
C’est un polar écrit dans un style très fluide. On voyage dans beaucoup de pays en suivant les services secrets de tous les Etats dans une tentative d’assassinat du roi de Roumanie. On ne le lâche pas une seconde !
EXTRAIT
« - Comment t’appelles-tu ?
La voix qui s’adresse à moi raisonne douloureusement à mes oreilles. Je me réveille de la torpeur dans laquelle je me trouvais comme au fond d’un gouffre. J’ai l’impression d’avoir habité sur une planète totalement silencieuse et d’entendre du bruit pour la première fois. On dirait que cela fait longtemps que quelqu’un ne s’est pas adressé à moi et que la membrane de mes tympans, devenue fragile, menace de se déchirer.
Il a bougé ! s’écrit quelqu’un. Il revient à lui !... »
-* LA MENDIANTE, roman de Drazen KATUNARIC - auteur croate - Editions M.E.O, 2012
Le point de Zoé, en russe et relations internationales
D’une lecture très facile et agréable, c’est l’histoire décapante du narrateur qui raconte sa vie en Croatie en ayant toujours des réactions décalées face à ce qui lui arrive. Le roman est divisé en deux parties. Dans la première, il parcoure les rues de Zagreb en même temps qu’il plonge dans ses souvenirs : son enfance, son adolescence, sa passion pour la musique et sa rencontre avec une pianiste renommée qu’il va épouser.
Dans la seconde, le narrateur est extérieur et dépeint la guerre en Croatie, son errance désespérée à lui dans la ville et sa rencontre avec cette mendiante qui pourrait ? être sa femme. La fin n’est pas sans laisser le lecteur perplexe.
Le point d’Audrey, en persan
Très bon roman. Qui commence par l’évocation d’un fou. Retourne dans son passé. Il nous conte une belle histoire d’amour entre un homme potentiellement schizophrène et une pianiste. Tout le récit ce déroule à Zagreb ou presque durant la guerre d’indépendance. C’est une descente aux enfers dans lequel Orphée n’irait pas sauvé Eurydice mais au contraire l’y emmène.
-* MARTIN KOEURPANE DU HAUT, de Fran LEVESTIK - auteur slovène - illustré par Sophie LECOINTE - Editions franco-slovènes & Cie, 2014
Le point de vue d’Isabelle, en master de russe
Un conte pour les enfants comme pour les adultes qui fait partie de la littérature enseignée à l’école en Slovénie depuis la nuit des temps… pour montrer que les Slovènes sont aussi capables que les autres nationalités de défendre l’Empire austro-hongrois contre « l’ogre turc »…
EXTRAIT
Le père Moeclar me racontait autrefois des choses du temps passé, comment vivaient les gens et comment il leur arrivait ceci et ça. Un dimanche après-midi, sur un banc à l’ombre d’un tilleul, il m’a rapporté l’histoire suivante : en Caniole Intérieur se trouve un village appelé Le Haut.
Jadis, dans ce petit village habitait Koempane, un homme robuste et fort. Et si grand qu’on aurait eu du mal à en trouver un pareil… »
-* LE QUATRIEME SUSPECT, de Yannis MARIS - auteur grec - L’Asiathèque - maison des langues du monde
Le point de vue Dounia, en coréen et en communication et formation interculturelles
C’est un romain policier facile à lire et à comprendre. Le mystère plane mais c’est une attente supportable pour les habitués de romans policiers.
EXTRAIT
" IL Y A AUSSI UN QUATRIÈME SUSPECT" rugit-il en fermant la porte, avant que Makris, interloqué ait eu le temps de lui demander davantage.
-* FEMMES OTTOMANES & DAMES TURQUES (album de cartes postales), de Christine PELTRE et postface de Lizi BEHMOARAS - Édition Bleu autour
Le point de vue d’Audrey, en persan
J’ai tout simplement adoré la beauté et le contenu de cet ouvrage.
EXTRAIT
« De l’Albanie la Mésopotamie, de Salonique à Alep via Istanbul, les cartes postales les plus anciennes proposent aussi la vision multiethnique et multiconfessionnelle de l’Empire avant sa disparition, tandis que les plus récentes se limitent à l’Anatolie et plus exactement au monde urbain, Istanbul restant un sujet phare. »
« Ancêtre du Twitt, objet chéri des collectionneurs, source de méditations ou de narrations, outil de publicité, vecteur de critiques idéologiques ou d’éloges, moyen de communication à la fois privé et public… la carte postale est tout cela et, plus encore, une mine de connaissances et de renseignements aidant à mieux concevoir telles réalités d’une période historique et d’une espace géographique données… »
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