Albania

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Tirana : la journée européenne des langues

Textes réunis par Violeta KRAJA du lycée "Asim Vokshi"
samedi 20 septembre 2014 par en, Evelyne Noygues

Le professeur Vedat Kokona aurait eu cent ans...

Dans les bibliothèques des familles albanaises, le dictionnaire bilingue albanais-français de Vedat Kokona tient une place importante. Il suffit de se rappeler les vers écrits à l’occasion de cet anniversaire par un jeune écolier de Tirana qui, comme ses compatriotes, utilise le français et l’albanais comme des outils de communication...

Un beau cadeau d’anniversaire...

"Pour mon anniversaire j’ai eu un beau cadeau... C’était le plus valeureux, le plus beau ! (raconte un élève). C’était un vieux dictionnaire utilisé par mon père et ma grand-mère. Tout doucement ils m’ont dit : "C’est un dictionnaire qui nous a aidés dans la vie. Espérons que pour toi ce soit aussi ce sera un ami... C’est le livre de mon professeur m’a dit ma grand-mère. Il m’a aidé ma vie entière pour connaitre ce qui m’était difficile, pour rendre mes journées plus utiles.... C’est un professeur, m’a dit mon père avec amour, un professeur inlassable qui t’aidera toujours... C’est vrai ce dictionnaire moi m’est très cher, c’’est le plus beau souvenir cadeau de ma famille entière !"

Les souvenirs du professeur Kokona...

"Plus je vieillis, plus je me rends compte que la traduction est un travail très pénible et rempli de dangers. Elle ressemble à l’eau dormante d’un étang, une eau attrayante, perfide, peu profonde en apparence, qui te fait un clin d’œil, minaude et semble te dire : « Approche, mon petit chou, approche et viens prendre un bon bain » Et toi, désireux de prendre ton bain, tu y plonges, mais gare à toi si tu ne sais pas nager !

Comme cela m’était plus facile alors, dans ma jeunesse, lorsque, à peine me plaisait une poésie, ou un morceau de prose et hop ! J’empoignais le crayon ou le stylo, et la page se remplissait miraculeusement d’elle-même ! Et après avoir lu avec délices ce dont je venais d’accoucher, j’étais très satisfait de mon travail expédié en un court laps de temps, comme toi jeune poète !.......

Je me souviens des heures où je me levais de mon lit en plein hiver, au milieu de la nuit, dans la chambre glacée, car le feu était éteint depuis longtemps, pour noter à la hâte un mot ... une expression qui m’étaient venus à l’esprit. Ah ! Où est ce temps où l’ardeur de la jeunesse défiait le froid, où le fait d’avoir trouvé le mot juste, une figure, un adjectif m’accordait la satisfaction qui ne se répète plus dans la vie.... Où est l’enthousiasme souriant qui te pousse à faire tels ou tels projets, qui ne sont le produit que des visionnaires ! Où sont les matins triomphants qui semblent vouloir continuer toute une vie alors que, à peine midi passé, la nuit tombe……"

Vedat Kokona a traduit Corneille, Anatole France, de Baudelaire, Hugo, Maupassant, Musset et George Sand, Rimbaud et Verlaine, La Bruyère, Décartes, Gides et Rabelais... Il suffit de lire quelques vers pour sentir les sentiments du poète, ses émotions, les rêves du traducteur et de l’écrivain de l’ idéaliste...

Poèmes traduits de l’albanais par Vedat Kokona

Lasgush Poradec - Pogradec

Sur le lac immense et calme

Sur le lac immense et calme le couchant fluide luit.

Une nappe tissée d’ombres se déploie indolemment.

Et la cendre incandescente qui descend du firmament

Sur les monts et les prairies doucement s’évanouit.

Et partout la plaine immense plonge et git dans le silence

Au village claque une porte…. Une barque glisse légère,

Au sommet du Mont Aride plane à l’aigle solitaire,

Dans mon âme mon cœur s’abime, enivré d’adolescence.

Tous les gens, toute la vie sont plongés dans le sommeil

Partout règnent les ténèbres…… c’est la nuit…… et maintenant.

Commençant sa randonnée à travers l’Albanie

Drin –le-vieux, le fabuleux prend sa source à Shendaum

Naim Frashëri - Telle une flamme

Telle une flamme

Qui rend l’âme

Je voudrais m’évanouir, et poussière sur la terre

Sous tes pas redevenir ;

Où je puisse inlassable, baisser tes pieds à loisir…

Mais pourquoi

Ce mal extrême

Si je t’aime, pourquoi souffrir ?

Si mon cœur

A tant de peine

au si je meurs ne pas gémir !

car ma mort, ô triste sort !

peu t’importe à l’avenir

Dritero Agolli - Paysage avec un nuage blanc

J’ai peiné toute la journée

Voilà un nuage blanc sur la colline.

Si je pouvais m’enrouler

Et dormir sur l’herbe fine !

Et puis de nouveau me réveiller

Et reprendre ma tache journalière…

Un drap blanc sur la colline

Un rêve blanc sur la rivière…

Ismail Kadare - Laoccon

Au muse du Louvre, à Madrid, à New York

Étouffé par les serpents vous me voyez

Devant vous et les appareils de touristes

Je souffre depuis un siècle de ne pouvoir parler

Comment le pourrais-je

Se peut-il qu’une mâchoire de marbre

Pour corriger quelque chose puisse remuer

Il existe une énigme comme une amibe desséché

Dans mon sein je renferme le secret insondable

Devant tous les regards à Paris à Madrid

Comme je voudrais qu’il y ait deux fois plus de serpents

Pourvu que de mon secret je sois débarrassé !

Vous voir tourner autour de moi je me dis

Se peu-il que vous soyez vraiment aveugles

Pour ne pas remarquer que toute cette angoisse

Ne provient nullement des serpents mais d’autre chose ?

Des milliers de fois durant des jours et des nuits

Je répète sans cesse la vérité terrible

Dans l’espoir insensé que de cette répétition

Le marbre pourrait subir quelque changement sensible.

Mais il ne change jamais

L’art de sculpture

A figé à jamais le mensonge sur moi

Cloué sur place par son faux témoignage

Je pense à la vérité et je pleure pou elle.

Hil Mosi - Emigration

Bien des villes je vois ici,

Mais mon coeur saigne loin de toi ;

Loin du lieu de ma naissance

Je languis, je dépéris.

Adieu ravissantes prairies

Et toi miroir des eaux du lac,

Foret, bosquets, montagnes altières,

O voute du ciel transparent !

Ndre Mjeda - Dans ces contrées ravissantes

Dans ces contrées ravissantes

Je brule de revoir mon pays

Sur cette terre étrangère

Je souffre et je gémis.

Au printemps la plaine est charmante

Le jardin est émaillé de fleurs,

Et la rose fraiche éclose

Exhale sa senteur.

Mais ces beautés ne m’attirent guère,

Je ne pense qu’à ma patrie,

A la pensée de la revoir

Mon âme rajeunit.

La vie m’était bien plus sereine,

Dans les chaumières de mon pays,

Et sur cette terre étrangère

Je souffre et je gémis.

Avec l’aimable autorisation des ayant droits du Prof. Kokona pour la reproduction de ses traductions.

Pour lire les poèmes traduits en albanais se reporter à : Dita e gjuheve : homazh përkthyesit dhe leksikollogut Vedat KOKONA



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