L’année précédente, cette compagnie avait proposé dans ce même cadre, la lecture d’une pièce de Jeton Neziraj : La Guerre au temps de l’amour. Elle avait déjà constaté à cette occasion le vif intérêt du public pour le théâtre des Balkans, trop méconnu en France.
Cette impression s’est renforcée lors de la lecture du Doigt, où les membres de la compagnie ont reconnu dans le public des personnes déjà venues l’année précédente. Elle est heureuse d’avoir instauré une sorte de rendez-vous avec le public du festival d’Avignon, dédié aux œuvres dramatiques des Balkans.
Ce qui m’a touché immédiatement, c’est que le public se sente immédiatement concerné, ne distancie pas cette écriture comme étant celle d’un monde qui n’est pas le sien. Les thèmes abordés dans Le doigt ont une forte portée universelle et intemporelle et la pièce a fait écho au vécu de chacun. La lecture s’est donnée dans une atmosphère intimiste, sans décor, avec des ambiances créées uniquement par les lumières. L’aspect onirique du Doigt englobait le public, l’interview factice de Zoya étant faite par un comédien depuis la salle.
Le débat suite à la lecture a suscité un engouement significatif : le public a ressenti le texte et s’y est abandonné pleinement. Les contours vaporeux du texte ont donné naissance à différentes interprétations que nous nous sommes bien gardés de trancher. Là est la beauté du Doigt, et, selon moi, l’une des caractéristiques du théâtre de l’Est : Il n’y a pas un seul chemin qui mène au texte, à chacun de trouver le sien...
Les événements se déroulent dans un village, quelque part au Kosovo. Le doigt traite des relations violentes entre Zoya et Kourta, à cause de l’impossibilité de faire face à la disparition de l’être le plus aimé : le fils de Zoya et le mari de Kourta.
En même temps qu’à travers le drame de l’attente et l’impossibilité de tirer un trait entre la mémoire et l’oubli, Le doigt met en avant la place des femmes dans la société du Kosovo de l’après-guerre qui, se retrouvant seules dans leur foyer, sans les hommes, demeurent sous le joug des traditions patriarcales. L’auteure...
Doruntina BASHA (1981), est née à Prishtina au Kosovo. Après avoir étudié l’écriture théâtrale à la Faculté des Arts de l’Université de Prishtina en 2004, elle obtient un Master en sciences sociales dans le cadre du programme Erasmus (2006-2008). En 2002 elle se lance dans l’écriture théâtrale.
En 2011, la pièce remporte le prix de la « Meilleure pièce » parmi 120 textes venant de Bosnie-Herzégovine, de Croatie, du Kosovo, du Monténégro et de Serbie. Ce concours est organisé par la Fondation Heartefakt de Belgrade, en collaboration avec le Centre Multimedia de Prishtina. Il réunit des auteurs des Balkans occidentaux dont les pièces décrivent des événements contemporains.
En décembre 2012, Le doigt a été joué pour la première fois, en serbe, au théâtre « Bitef » à Belgrade, sur une mise en scène d’Ana Tomovic. Le personnage de Zoya était interprété par Jasna Gjuricic et Milica Stefanovic celui de Kourta.
En février 2013, la première en langue albanaise a été donnée au théâtre albanais de Skopje, sur la mise en scène d’Agron Myftari. Le rôle de Zoya était joué par Amernis Nokshiqi et celui de Kourta par Xaka Jonuzi. Le personnage de la vendeuse était interprété par Drita Kaba Karaga.
En mars 2013, Le doigt dans la production du Théâtre « Bitef » a été récompensé par trois prix au Festival international des théâtres « Art Trema », à Ruma en Serbie : meilleur auteur, meilleure mise en scène et meilleure interprète.
La pièce a été traduite de l’albanais en français par Evelyne Noygues et Arben Selimi. Le texte est disponible auprès du réseau européen de traduction théâtrale : Eurodram http://www.sildav.org/eurodram.
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